ETHIQUE
ET COMPETENCE DES GRANDES ECOLES : QUEL IMPACT SUR LA FORMATION DES APPRENANTS
?
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la Côte
d’Ivoire connaît aujourd’hui un nombre pléthorique d’étudiants inscrits dans
les Universités Publiques. Pour preuve, après une opération d’identification
menée du 18
avril 2012 à fin mai 2013,
90 561 étudiants ont été recensés. Ce nombre se décompose comme suit :
1 500 étudiants inscrits à l’Université
Péléforo Gbon Coulibaly de Korhogo, 1
864 à l’Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa, 8 484 à l’Université Nangui Abrogoua d’Abobo-Adjamé, 14 562 à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké et
64 081 à l’Université Félix
Houphouët Boigny de Cocody. A ce chiffre se sont ajoutés les 68 009 nouveaux bacheliers de
2013.
Au vu de ces chiffres qui décrivent une
véritable saturation en termes de capacité d’accueil, nous pouvons aisément
imaginer la difficulté, voire l’impossibilité de l’Etat à continuer seul la
prise en charge de ce nombre croissant d’étudiants, notamment, au niveau des
Universités Publiques.
Pour accompagner nos propos, référons
nous au cas de L’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody dont le nombre de
places disponibles est en réalité est de 30 000.
Cf.
Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Université_Félix-Houphouet-Boigny
Alors, comme une panacée, un vent de
libéralisation des Grandes Ecoles souffle sur la Côte d’Ivoire.
Tel un commerce florissant, ces Grandes Ecoles
prolifèrent et reçoivent de plus en plus d’étudiants dont certains sont orientés
par l’Etat, bénéficiant en outre d’une
prise en charge. En effet, selon un document officiel de la Direction du suivi des établissements
privés d’Enseignement Supérieur paru en mars 2016, le nombre des Grandes Ecoles
privées sur toute l’étendue du
territoire national est de 263
contre 175 en 2013, toujours selon la
même source, soit une hausse de 66,54%.
Si la création des grandes écoles est
soumise à l’obtention d’un agrément, force est malheureusement de constater que
leur image n’est guère reluisante. Il se pose ici un véritable problème de
crédibilité, pouvant agir sur la valeur des diplômes et la compétence des
étudiants. On se souvient bien d’ailleurs qu’après l’accession du Président Alassane
Ouattara à la magistrature suprême du pays et dans le cadre du nouveau départ de
la Côte d’ Ivoire, l’accent a été mis par le Ministre de l’Enseignement
Supérieur, sur l’assainissement et la redynamisation de ce secteur. Comme pour
joindre l’acte à la parole, le 1er
octobre 2013, 37 soit 21,14% des établissements non
conformes aux nouvelles dispositions en la matière ont été purement et
simplement fermés quand 12 ont été mis en demeure et placés sous observation.
Cette décision draconienne nettement justifiée,
vient donc remettre en cause l’éthique et la compétence de certaines écoles
privées.
En effet, nombreuses sont les écoles qui
baignent dans une atmosphère de corruption et pèchent par la transgression de règles
relatives d’une part, aux infrastructures et matériels et d’autres part, à la formation des
apprenants.
Concernant les infrastructures, les écoles
incriminées ont une capacité d’accueil nettement insuffisante face au nombre
d’étudiants acceptés. Par ailleurs, il se pose un problème criard de matériels
didactiques.
Comme souligné en amont, la formation des
étudiants demeure également un sujet sensible. A ce propos, la qualité de
certains formateurs laisse à désirer. De simples enseignants théoriques sont
recrutés en lieu et place de professionnels
habilités à distiller un enseignement plus pratique, destiné à rendre les
étudiants plus opérationnels et prêts à embrasser le monde du travail. Il serait
par exemple impératif pour l’apprenant en comptabilité, d’être formé en la
matière par un comptable en exercice.
Une autre tare à relever, c’est
l’inadéquation des formations par rapport à l’emploi et leur pertinence au
regard des objectifs de développement du pays.
Toujours dans le cadre de la formation, la
mise en pratique effective des exigences du système LMD (Licence, Master, Doctorat) demeure une priorité du Ministère de l’Enseignement Supérieur.
En la matière, trois points viendront
essentiellement illustrer nos propos :
D’abord, le mode d’apprentissage : L’article 14 de l’arrêté n° 249 MESRS/DGES
du 13 Décembre 2011 portant organisation du MASTER en République de Côte d’Ivoire
prône une autonomie d’apprentissage.
En effet, dans l’optique de former des
étudiants de qualité et productifs en entreprise, l’intervenant doit donner à
l’apprenant les outils pour être autonome c’est-à-dire lui apprendre à
apprendre.
Ensuite, les techniques de l’information et
de la communication appliquées aux grandes écoles (TICES) : Egalement
prévues par l’article 14, les TICES
sont fondamentales pour la formation en MASTER et sont essentiellement composées du E-CAMPUS et
du BUSINESS GAME.
L’E-CAMPUS est un campus virtuel, permettant
aux étudiants d’être en relation permanente avec leurs professeurs et
favorisant ainsi un apprentissage dynamique.
Le BUSINESS GAME est l’aspect
professionnalisation de la formation, qui consiste pour les apprenants en une
simulation de la vie en entreprise.
Pour rester dans le domaine de la
professionnalisation, il est plus qu’important pour les apprenants, soutenus
par l’école, de faire des stages.
Enfin, le tutorat, organisé par l’article 17 du même arrêté : à
travers ce système, des équipes de formations incluant également des tuteurs,
sont chargées d’accueillir, d’informer, d’orienter et de soutenir les étudiants
dans leur formation . Ils assurent ainsi le suivi des apprenants.
Egalement, ils ont un rôle de gendarme à
l’endroit des intervenants, gardant ainsi un œil sur l’organisation pédagogique
en général.
Le respect des points sus-cités favoriserait
certainement une formation qualifiante, débouchant sur des diplômes de valeur
et une compétence professionnelle assurée.
Cependant, cet objectif semble être aujourd’hui une chimère, au regard des Grandes Ecoles qui fonctionnent en marge
des dispositions mises en place pour des résultats efficaces et efficients.
Or, en
orientant les étudiants vers ces écoles, l’Etat, leur confie une mission avec
obligation de résultats.
La mise en place par l’Etat de services impliqués dans leurs contrôles,
contribuerait à un suivi strict et régulier de leurs activités, encore faut-il que ces
contrôles soient effectifs.
Pourtant,
nous devons admettre que cette solution à elle seule ne suffirait même pas à
garantir et attester la compétence des étudiants.
De tout ce
qui précède, comment aider les structures de l’Enseignement Supérieur à
redresser le niveau des étudiants, devant la situation quasi alarmante relative
à leur formation au rabais?
Aujourd’hui plus que jamais, une
évaluation de compétences à travers des séances de certification est nécessaire,
à la sortie des cycles de formation…